vendredi 1 novembre 2013

LA SUAVE DANZA




Nos besamos
por el puro
absoluto
placer de besarnos
listones de lenguas
dientes como peces alados
festín de salivas
giros
valses
pájaros

tu boca ranura
cereza
grosella
mi lengua gaviota
cometa
sirena
se encuentran
se tocan
se enredan

marineras de un viaje
sin ida ni vuelta

tu boca es el mar
mi lengua, un barco de vela.

ROSA MARIA ROFFIEL.

Érotica




Tu placer es lento y duro
viene de lejos
retumba en las entrañas
como las sordas
sacudidas de un volcán
dormido hace siglos bajo la tierra
y sonámbulo todavía

Como las lentas evoluciones de una esfera
en perpetuo e imperceptible movimiento
Ruge al despertar
despide espuma
arranca a los animales de sus cuevas
arrastra un lodo antiguo
y sacude las raíces

Tu placer
lentamente asciende
envuelto en el vaho del magma primigenio
y hay plumas de pájaros rotos en tu pelo
y muge la garganta de un terrón
extraído del fondo
como una piedra.

Tu placer, animal escaso.


Cristina Peri Rossi

dimanche 30 septembre 2012


                                                  À la Bien-Aimée

                                                            
Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne,
Et ma voile de soie et mon jardin de lys,
Ma cassolette d’or et ma blanche colonne,
Mon par cet mon étang de roseaux et d’iris.

Vous êtes mes parfums d’ambre et de miel, ma palme
Mes feuillages, mes chants de cigales dans l’air,
Ma neige qui se meurt d’être hautaine et calme,
Et mes algues et mes paysages de mer.

Et vous êtes ma cloche au sanglot monotone,
Mon île fraîche et ma secourable oasis…
Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne,
Et ma voile de soie et mon jardin de lys.

                    Renée Vivien
LE SPHINX LESBIEN



Hautes, lourdes du cul, grassement tétonnées,
Elles s'en vont indolemment, tous poils dehors,
Et la maturité superbe de leurs corps
Frissonne sous leurs mains longuement promenées.
La tiède nuit lunaire a bleui leur blancheur.
Sur le bancc du rond-point, plus propice à la halte,
Un désir les unit qui murmure et s'exalte,
Préparant leur prurit d'un long baiser lécheur.
A les voir dans le vague éclat de la clairière,
L'une dressant le torse et l'autre se courbant
Croupe tendue, on imagine au bord du banc,
Un beau monstre éperdu qui regarde en arrière.

Convergences par Anonymus (1931)

FURIEUSEMENT

 

Je veux te prendre, toi que je tiens haletante
Contre mes seins, les yeux de noirs de consentement ;
Je veux te posséder comme un amant,
Je veux te prendre jusqu’au cœur !…Je veux te prendre !…

Ah ! rouler ma nudité sur ta nudité,
Te fixer, te dévorer les yeux jusqu’à l’âme,
Te vouloir, te vouloir !… Et n’être qu’une femme
Sur le bord défendu de la félicité !…

Et m’assouvir d’une possession ingrate
Qui voudrait te combler, t’atteindre, t’éventrer,
Et qui n’est rien qu’un geste vain d’ongle fardé
Fouillant de loin ta chair profonde et délicate !…


Lucie Delarue-Mardrus
LES DEUX SŒURS OU LE CAS DE CONSCIENCE 
 
 
 

Zoé, de votre sœur cadette,
Que voulez-vous entre deux draps ?
Que sans chemise je me mette ?
Fi ! ma sœur, vous n'y pensez pas.
Mais à vos fins vous voilà parvenue,
Et vous baisez ma gorge nue ;
Vous me tiraillez,
Vous me chatouillez,
M'émoustillez ;
Mais au fond ce n'est rien,
Je le sens bien ;
Mais au fond ce n'est rien.

Pour vous en prendre à notre sexe,
Avez-vous mis l'autre aux abois ?
C'est peu que votre main me vexe,
Vous usez pour vous de mes doigts :
La tête aux pieds la voilà qui se couche ;
Ciel ! où mettez-vous votre bouche ?
Ah ! pour une sœur ,
Quelle noirceur !
Quelle douceur !
Mais au fond....

Rougirions-nous ? je le demande,
Si nos amants pouvaient nous voir ?
Pourtant il faut que je vous rende
Le plaisir que je viens d'avoir.
Je m'enhardis ; car jamais, que je ne sache,
Je n'ai baisé d'homme à moustache.
Ah ! nous jouissons
Et des garçons
Nous nous passons.
Mais au fond...

Ne croyez pas que je contracte
Ce goût déjà trop répandu,
C'est bon pour amuser l'entr'acte
Quand le grand acteur est rendu.
Ce que je crains, ô sœur trop immodeste,
C'est d'avoir commis un inceste ;
Peut-être est-ce un cas
Dont nos prélats
Ne parlent pas
Car au fond ce n'est rien,
Je le sens bien ;
Car au fond ce n'est rien.
SONNET, POUR MADEMOISELLE GODEFROY



Aimable Godefroy, vous estes redoutable,
Vos beaux yeux sçavent l'art d'ôter la liberté.
Ils ont de la douceur, ils ont de la fierté
Et leur brillant éclat n'a rien de comparable.
Le tour de vostre esprit paroist inimitable,
Qui pourroit se lasser d'admirer sa beauté,
Il est fin, délicat et remply de bonté,
Et l'on voit dans vostre air un charme inévitable.
Mon cœur qui tant de fois se deffendit d'aimer,
Connut que malgré luy vous l'alliez enflâmer,
Par vos attraits puissans, mon ame fut surprise,
Et je sentis pour vous certain je ne sçay quoy,
Que mes brûlans soûpirs vous dirent mieux que moy,
Au moment qu'à vos pieds je perdis ma franchise.
 
Mlle de Lauvergne